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Quel futur pour le Sud-Soudan après la décision du Soudan d'arrêter le transport du pétrole?


 Par Ngor Arol Garang, journaliste au Sudan Tribune, 13 Juin 2013

Le Soudan du Sud a confirmé la décision, rapportée par les médias, du président soudanais al-Bashir d’ordonner à son ministre du pétrole de fermer la circulation du brut sud-soudanais à travers le Soudan vers les marchés internationaux. Bashir a pris cette décision lors d’un meeting politique dans le nord de Khartoum, la capitale soudanaise. Il y inaugurait un projet électrique pour la ville, à l’occasion de ce qui se révélait être un jour de joie pour d’allégresse sympathisants.
 
Je l’ai regardé à la télé soudanaise, étant stationné dans la ville jumelle d’Omdurman, après avoir reçu de nombreux appels de journalistes étrangers, dont l’un avait un collègue soudanais qui y assistait. Ils cherchaient les contacts d’officiels sud-soudanais afin de rassembler des réactions et ainsi équilibrer leurs papiers. Ils voulaient également mon avis, que j’ai refusé de leur donner, mais je les ai aidés à avoir les contacts qu’ils voulaient.
 
Les raisons données par le président Soudanais pour justifier l’ordre d’arrêter le transport de pétrole sud-soudanais à travers le pays et jusqu’aux marchés internationaux, étaient que, selon lui, le gouvernement du Sud-S
oudan accorde son soutien à la coalition de groupes rebelles qui se bat dans le but d’éradiquer le gouvernement actuel du pouvoir. Ces allégations ne sont pas nouvelles. Elles existent depuis la sécession et le gouvernement du président Salva Kiir Mayardit a toujours été prompt à les nier en remettant en cause la crédibilité des sources desdites allégations. Non seulement l’administration du Président Kiir s’est-elle engagée dans un déni relatif à ces accusations portées par le gouvernement soudanais mais elle accuse également le Soudan d’avoir fourni des supports stratégiques à ses opposants politiques, ainsi qu’à différentes milices, prétendument pour se battre dans une guerre de pouvoir mais en réalité calculée pour déstabilise le pays nouveau-né.
 
Ces allégations accusant le Soudan de fournir des armes ont été étayées par des milices ayant fait défection et de retour dans le Sud avec des armes lourdes, des munitions, des véhicules, et des uniformes et des informations.
 
Trois groupes sont arrivés du Soudan après l’indépendance : un en 2012 sous le commandement du Général Major John Duit, l’autre en Avril 2013 sous le commandement du Général Major Bapiny Monytuil. Le dernier groupe, sous le commandement du Général Johnson Uliny, est arrivé ce mois, depuis une semaine dans l’Etat du Nil Supérieur. Agissant ainsi, ils répondaient aux nombreuses amnisties émises par le président Salva Kiir, dont une émise en Avril 2013, qui pardonne tous les groupes pour les crimes qu’ils ont pu commettre en se battant contre son gouvernement dans différentes régions du pays.
 
En plus des affirmations de ces groupes, la Mission des Nations Unis au Soudan du Sud (MINUSS) a également confirmé les rapports selon lesquels un avion blanc aurait largué des colis suspectés d’être des armes et autres équipements militaires envoyés par le gouvernement du Soudan à la milice menée par David Yauyau dans l’Etat du Jonglei.
 
Ajoutons à ces allégations la décision du Parlement Soudanais de désigner le Soudan du Sud comme un Etat ennemi après que le Ministre de la Défense Soudanais et le Premier Vice-Président ont déclaré que Khartoum allait se lancer dans une coopération avec d’autres forces politiques afin d’évincer le gouvernement de Juba, dirigé par le Mouvement Populaire de Libération du Soudan (MPLS).
 
Ces déclarations, parmi d’autres remarques néfastes, ont été faites à l’apogée du conflit de Panthou, également appelé Heglig au Soudan. Cependant, les discours changèrent après que les deux pays ont réussi à s’accorder sur la signature d’un accord de coopération en Septembre 2012, un accord que beaucoup au Soudan du Sud voyaient comme la vente de territoires par le gouvernement de Juba en échange de la réouverture du pipeline. L’accord était signé à Addis-Abeba, en Ethiopie, après des mois de négociations encouragées et aidées par le groupe de mise en œuvre de haut niveau de l'UA.
 
L’une des dispositions de cet accord était de créer une zone-tampon pour permettre aux deux pays de retirer leurs armées, à dix kilomètres de leurs positions initiales. L’Armée Populaire de Libération du Soudan (APLS), qui est l’armée nationale du sud a obéi aux directives de Juba. Le Soudan, qui était censé faire de même, a échoué, renouvelant les critiques du public dans le Sud contre la décision du gouvernement de Juba.
 
La liste de plaintes du Soudan du Sud contre le Soudan est longue et je ne veux pas ennuyer les lecteurs avec ce qui est déjà du domaine public. Ce que je voudrais partager, à présent, est l’opinion publique qui demande au gouvernement de la République du Soudan du Sud quels sont ses plans pour gérer son économie, sans les revenus du pétrole.  Il y a bien eu des plans pour diversifier l’économie mais aucun n’était réalisable. Le gouvernement, ces huit dernières années, s’est largement reposé sur le pétrole, et a négligé les autres secteurs sources de revenus, notamment l’agriculture, le tourisme, le développement des routes et l’amélioration du système fiscal.
 
Sans pétrole et dans l’incertitude du retour à son exploitation, on voudrait que le gouvernement entre en contact avec le grand public, cherche à connaître ses opinions, et dessine rapidement une nouvelle stratégie pour faire face à la situation économique actuelle en évitant l’effondrement.
 
La bonne chose est que l’économie est facile à gérer. Ce n’est pas une économie de grande échelle. Le pays n’a pas d’industries qui requièrent d’énormes réserves en monnaie forte pour les soutenir. Les défis actuels sont  limités. Ils peuvent être résolus si le gouvernement s’assure que certaines des suggestions ci-dessous sont mises en place :
 
-Concentrer les attentions sur la diversification de l’économie en oubliant l’argent du pétrole et adopter une conduite agressive dans la mobilisation du grand public à retourner aux cultures. S’assurer que la terre est bien utilisée pour produire de la nourriture.
 
-Améliorer la collecte et la gestion des revenus qui ne viennent pas du pétrole. La transparence et la responsabilisation doivent être adoptées en suivant toutes les procédures légales lorsqu’il s’agit de la gestion de fonds publics.
 
-Réduire la taille du gouvernement à 12 ministères et environ 150 membres au Parlement, voire moins. Les deux chambres, haute et basse, devraient être combinées.
 
-Abolir les institutions créées dans le cadre de compromis politiques, surtout les institutions qui ont les mêmes fonctions.
 
-Soutenir financièrement une transformation radicale de l’armée en ce qui concerne l’entraînement, y compris la fourniture d’armes modernes, établir une force aérienne solide, augmenter la paie de nos soldats à au moins 1 000 livres sud-soudanaises par soldat, de manière à les motiver.
 
-S’assurer que l’armée est payée dans les temps de même que s’assurer que leurs équipements, surtout la nourriture, le fuel, les médicaments, ne font pas l’objet de pénuries. La transparence et la responsabilisation doivent être renforcées dans l’armée. Le ministre des finances et la chambre d’audition devrait regarder de près de quelle manière les fonds alloués à l’armée sont utilisés. Ils ne doivent cependant pas les gérer. Tous les projets et demandes devraient être gérés par l’équipe nommée ayant l’expertise concernant lesdits projets et demandes.
 
-Conduire des prospections pétrolifères et contacter des pays qui accepteraient d’hypothéquer le pétrole en échange de financements pour la construction du nouvel oléoduc et de projets agricoles.
 
-Utiliser les économies consécutives à la réduction du gouvernement pour soutenir le développement des infrastructures, notamment les routes, pour faciliter les mouvements de biens et de personnes, la santé, l’éducation, la production de nourriture…
 
Si le gouvernement porte une oreille attentive et fait tout cela avec sérieux et intérêt, je pense que le pays peut gérer l’économie et repartir de là où elle est pour le moment pour ensuite rejoindre le reste du monde.

 

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