top of page

Saisie des terres

Suicide hydrologique, absence de droits de propriété

 

* traduit, résumé et présenté par Simone Dumoulin

Ce texte apporte sur la saisie de terres de nouvelles informations dues à Africa international rivers, à la célèbre universitaire Liz Alden Willy et à l'Initiative droits et ressources (lire nos articles parus en juin 2010, et en juillet 2011). L'accès à une information précise sur l'étendue et la nature de ces investissements est extrêmement limité. On ne sait si les gouvernements sont des victimes ou des régimes prédateurs. Des reportages plus importants sur la saisie des terres offrent potentiellement une vue simpliste dans la Corne de l'Afrique.                                                                                              

L'organisation Initiative sur les droits et les ressources (RRI), a montré en janvier 2012 que les gouvernements des Etats en voie de développement ne protègent pas les droits de ceux qui utilisent la terre. En effet, c'est leurs communautés et non eux-mêmes qui en sont propriétaires, sans titres légaux. Cela pourrait amener des conflits graves.

 

La RRI estime qu'un ½ milliard de personnes dépendent d' ¼ de milliard d'hectares de terre pour leur survie en Afrique sub saharienne..

L'absence de titre de propriété privée  a facilité « une bamboche surprenante d'achats ou de locations de terre à travers l'Afrique », écrit Hatcher, directeur à la RRI des programmes globaux. Après avoir étudié les droits de propriété et les réformes dans 35 Etats africains, la RRI n'en a trouvé que neuf où l'on trouve quelque protection pour ceux utilisant la terre depuis tout temps sans titre légal.

 

Au Soudan, seule la terre des bords du Nil était propriété privée au début du condominium. Le gouvernement proposa aux personnes qui utilisent la terre d'en devenir propriétaire en s'inscrivant. Mais cela coûtait plus d'argent qu'elles n'en avaient. De plus elles n'avaient pas compris qu'on la leur prendrait, parfois seulement  un siècle plus tard. Au Sud Soudan, les communautés étaient propriétaires (SD., lire VS juin 2010).

 

La saisie des terres commença avec la Gezira en 1922 quand l'Angleterre décida d'y faire pousser du coton pour ses industries afin de faire plier l'Egypte, jusque là son premier producteur. Comme l'a écrit le professeur Omer Shukrian, la saisie des terre, dans les Monts Nouba au Soudan est une des causes de la guerre qui y règne (lire son article sur notre site in Soudan, les Monts Nouba).

 

Le Sud-Soudan et des agences d'aide étrangères ont promu l'investissement étranger ce qui inclut malheureusement la location de terres. Déjà 9% d'entre elles auraient été louées ou achetées avant l'indépendance. Selon David Deng, directeur de la société juridique du Sud-Soudan, un grand nombre d'investisseurs potentiels y sont venus depuis l'accord de paix de 2005. Deng ajoute : ce pays « est au moment le plus imprévisible de toute son histoire. Il rencontre une vraie possibilité de retour à la guerre avec un gouvernement qui, à peine debout, se débrouille encore pour attirer un nombre énorme d'investisseurs étrangers. » Les accords sur ces contrats sont passés du niveau local au niveau gouvernemental. L'un comme l'autre se passent de l'agrément des communautés propriétaires. Les lois ne sont pas appliquées.

        

L'an dernier la Coalition Internationale de la Terre a estimé que de 2000 à 2010, plus de 200 millions d'hectares de terres ont été louées par des investisseurs en Afrique sub-saharienne. 

En fait des entreprises ont loué ces terres au Sud-Soudan sans que leurs utilisateurs en aient été informés. Ces derniers continuent à les travailler et les communautés ne réalisent pas encore qu'elles ont été flouées.

 

Les gouvernements africains autorisent à chasser les fermiers  (03/2012)– Liz Alden Wily, Universitaire, spécialiste de la saisie des terres.

 

Il y a rarement quelque chose d'illégal quand les gouvernements africains vendent de larges étendues de terre à des investisseurs locaux ou internationaux qui seraient impuissants si des lois ne les protégeaient pas.

Les africains pauvres sont rarement propriétaires. L'Etat, si. Jusqu'à 90 % de l'ensemble des terres. L'Etat décida qu'il l'était depuis l'époque coloniale. La tragédie pour les gens ordinaires est que l'indépendance ne changea rien à cela. Les élites locales avaient leurs propres intérêts. Au Soudan, elles encouragèrent l'Etat à leur louer des terres au détriment des pauvres, en lui réglant une légère location. Les gouvernements africains ne semblent pas se consacrer au bien être de tout le monde. Le public ne profite pas de l'argent que l'Etat se fait. C'est un des plus grands vols de l'histoire. Les circonstances ne sont pas favorables. Déjà des millions de personnes n'ont pas de travail et vivent dans des bidonvilles.

 

Changer la loi ne suffit pas. Le Sud-Soudan trouve des échappatoires grâce auxquels la dépossession de masse fonctionne toujours. Le poids écrasant du capitalisme primaire rencontre un soutien global et tacite de la Banque mondiale et d'autres agences qui ont manqué à leur mission d'améliorer l'économie agraire.

 

Grain : La saisie des terres en Afrique est un suicide hydrologique, 06/2012

 

Grain est une organisation qui soutient les petits fermiers. Les gouvernements  et de riches individus saisissent des millions d'hectares de terre du continent pour des projets agricoles  qui font pousser de la nourriture et des carburants biologiques pour l'exportation. Son rapport souligne qu'il n'y a pas assez d'eau en Afrique pour irriguer toutes ces terres. Dans certains cas, les communautés ont déjà déménagé de leurs terres pour laisser la place aux méga-projets. Où sont-elles parties ? Dans d'autres, les plantations prendront l'eau des rivières, privant d'eau la population pour leurs besoins et la survie de leurs communautés. Ceci crée des tensions et pourrait alimenter un conflit, surtout le long du Nil et aussi du Niger. Le rapport Extorquer l'eau jusqu'à la sécheresse dit que dans toute saisie de terres il y a une saisie d'eau, ce qui est pire à long terme que la saisie des terres elle-même. Dans de nombreuses parties d'Afrique, il y a des saisons sèches et humides. Les communautés locales se sont adaptées à ces saisons. Mais de nombreuses moissons des nouvelles plantations comprennent du riz, du sucre de canne et de l'huile de palme qui demandent d'énormes quantités d'eau pendant toute l'année.

 

L'agriculture prend globalement à peu près 70 % de l'eau. Les investisseurs viennent d'Inde, d'Arabie Saoudite, de Chine, des Emirats arabes unis, de Libye, du Qatar, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France et du Canada.Les Etats louant leurs terres au bord du Nil sont le Soudan, le Sud-Soudan, l'Ethiopie, l'Egypte, la Zambie, le Kenya et  la Tanzanie, tandis qu'au bord du Niger il s'agit du Mali et du Sénégal.  

 

Les eaux du Nil.

 

Selon la FAO, les 10 Etats du bassin du Nil ont de l'eau pour un maximum de 8 millions d'hectares. Seuls des quatre Etats, le Soudan, le Sud-Soudan, l'Ethiopie et l'Egypte ont déjà une infrastructure pour 5,4 millions d'hectares et louent en plus 8,6 millions d'hectares. Des tensions ont eu lieu à Gambela en Ethiopie où une nouvelle plantation, louée par le milliardaire saoudien Mohammed Al Amoudi, l'irrigue en utilisant les eaux de la rivière Alouero dont les riverains dépendaient pour la pèche et leurs fermes. En avril, parmi eux un groupe armé dressa une embuscade qui fit 5 morts.

Cette saisie des terres crée de la pauvreté, alors que la fin de la pauvreté serait  d'améliorer les technologies locales et les méthodes pour conserver l'eau.

 

L'absence de qualification des campagnards leur enlève le travail. Toutes ces terres louées prennent toute l'eau. Les gens s'en vont donc vivre dans les bidonvilles, sans rien. D'autre part, le manque de surfaces cultivées est un problème mondial qui s'est accru avec l'augmentation du pétrole biologique due à la diminution prévue de l'exploitation du pétrole. Les carburants biologiques nécessitent beaucoup de terres dans un monde surpeuplé. Il est inadmissible que l'Afrique en règle le coût à son insu.

bottom of page